Créons le PIF !

mars 10, 2012 dans fokonyaka, l'atypik par admin

CrowdCréons le PIF, Produit Intérieur de Fraternité !

C’était hier. Un pas de géant pour l’humanité. Un homme avait marché sur la lune. Comme nombre de mes amis je croyais aux lendemains qui chantent. On avait marché sur la lune et tout me semblait possible. Il était interdit d’interdire. L’impossible n’était pas français et grâce au progrès le bonheur pour tous était pour demain. En cette veille d’année 2010 je respire une atmosphère de déprime, de peur millénariste, de doute permanent. Une ambiance de génération No Futur.

Que dire à tout cela. Marcherions-nous sur la tête. Les lois de la physique se seraient telles transformées sous l’influence du réchauffement climatique. Le pire serait il devenu certain.

D’évidence l’entrée de nos sociétés dans le grand village mondial déboussole. Nos GPS sociétaux manquent de références pour indiquer la bonne direction.

J’aime cette citation prêtée à confucius : « Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». Et si ensemble nous décidions de tous regarder la lune dans la même direction.

Toutes les sociétés ont connu dans leur histoire des périodes de crise, de remise en question et de transformation. Au XVI siècle l’invention de l’imprimerie révolutionnera le monde des idées et fécondera en profondeur la société de la renaissance. Au XVIII siècle la révolution française transformera en profondeur la France et l’Europe. La révolution industrielle modifiera en profondeur les modes de production et les rapports sociaux du XIX siècle. Que dire du XX siècle  tourmenté par des idéologies totalitaires et ou le libéralisme le plus débridé fut roi.

Dans l’ancien régime trois ordres constituaient la société. Le clergé, la noblesse et le tiers état.

Cette organisation multiséculaire non exempte de fortes tensions définissait un ordre social. 1789 fera voler en éclats cette vision d’un monde. Si le tiers état sort vainqueur de l’affrontement c’est bien la bourgeoisie qui triomphe en son sein. L’utopie libératrice des premiers républicains fera inscrire sur le fronton des bâtiments publics une devise trinitaire  «  LIBERTE EGALITE FRATERNITE »à  vocation universelle. Et si ensemble nous prenions totalement au sérieux les trois mots qui constituent cette devise.

L’ancien régime n’est plus. La lutte des classes n’est plus le moteur de l’histoire. Construire une société solidaire et citoyenne est plus que jamais d’actualité. Il faut une place pour chacun. A chacun une juste place. Dans le nouveau village mondial il est indispensable que chacun puisse trouver son chemin. Un corps sans colonne vertébrale ne peut pas faire de gymnastique. De méme impossible pour un individu de dire Je t’Aime ou je ne t’Aime pas d’ailleurs s’il ne peut librement affirmer son JE…En France comme ailleurs en Europe nous avons besoin d’un Etat qui soit garant de l’Egalité de tous les citoyens. Nous n’avons pas besoin de plus d’Etat mais de mieux d’Etat.

A l’heure des nouvelles technologies de l’information et de communication nous avons besoin plus que jamais de LIBERTE. Libertés individuelles. Liberté de penser et vivre librement. Liberté d’échapper au « Big Brother ». Car comme toute chose la révolution de l’internet doit être accompagnée éthiquement pour éviter des dérives. Liberté aussi pour entreprendre et créer avec le plus grand dynamisme les richesses nécessaires au bien commun.

Aujourd’hui comme le fit jadis Martin Luther KING j’ai envie de faire un rêve…

Depuis longtemps les trois anciens ordres ne sont plus. C’est bien ainsi. Nous avons besoin d’un Etat fort et vigilant en matière de libertés publiques. Nous avons besoin d’entreprises qui entreprennent librement. Nous avons aussi besoin d’un tiers secteur créateur de richesse et de solidarité .

A l’aube de 2010 l’économie sociale et solidaire représente en France environ 10% du PIB et 12% de l’emploi. A savoir plus de 800 000 salariés dans les associations, mutuelles , coopératives, fondations qui existent dans notre pays. Des millions de bénévoles réalisent chaque année des centaines de millions d’heures d’intérêt général non comptabilisées dans la richesse nationale. Cette réalité associative est tellement diversifiée et complexe qu’elle manque souvent de visibilité.

L’économie sociale et solidaire affirme le primat de l’Homme sur le Capital. Elle possède un ancrage territorial et ses activités ne sont pas délocalisables. Les fondations, les associations mais également les mutuelles, les sociétés et banques coopératives n’ont pas d’actionnaires à enrichir et lorsqu’elles disparaissent leur patrimoine peut être dévolu à des organismes sociaux poursuivant un objet identique.

Les défis que nous aurons à relever ensemble demain sont gigantesques : Pourquoi ne pas créer un véritable service civique qui permette à chaque citoyen quelque soit son statut ou son âge de consacrer une année à un service d’intérêt général ?

Compte tenu de notre pyramide des âges et de nombreux sociaux non pourvus il sera indispensable de créer des centaines des milliers d’emplois dans un proche avenir pour les services à la personnes. Dans ce domaine il y a encore beaucoup à faire et innover. Le commerce équitable, la finance solidaire, l’Epargne solidaire, l’insertion par l’activité économique, le développement durable…

Tous ces chantiers sont créateurs de lien social et de richesse partagée.

Aujourd’hui comme hier Martin Luther King je fais un rêve…

Et si l’économie sociale et solidaire faisait 20% du PIB…

Ce serait plus de richesse et de solidarité partagée…

Et si l’on sortait ensemble des sentier battus  pour construire  une société plus fraternelle.

Pascal COLIN

 

Article paru dans LA GAZETTE SANTE SOCIALE et le journal REFORME